10 mai 2024
Venez écouter en concert les 15 et 16 juin le Choeur de chambre Agapanthe qui mêlera ses voix, pour la première fois, à celles d'un consort de 4 violes de gambe et d'une chanteuse soliste
Cette association de timbres était courante et naturelle à l'époque où furent composées les œuvres de ce programme, car on trouvait que les sonorités, les dynamiques et les moyens expressifs des voix et des violes étaient comparables. Jean Rousseau écrira en 1687 dans son Traité de la viole : « …jamais instrument n'en a approché de plus près que la viole, qui ne diffère seulement de la voix humaine qu'en ce qu'elle n'articule pas les paroles … ». Et les luthiers auraient orné les volutes de violes d'une tête humaine pour rappeler cela.
La période musicale que couvre ce programme (fin 16ème-début 17ème) est florissante à plus d'un titre, en Angleterre comme en France. Des compositeurs comme Gibbons ou Tomkins écrivent encore de grandes polyphonies dans le style de la Renaissance, mais déjà, venue d'Italie, l'écriture madrigalesque tourmentée et puissamment expressive se déploie jusque dans les œuvres sacrées (When David heard de Weelkes, Vulnerasti cor meum de Bouzignac).
Les « chansons » polyphoniques de la Renaissance (Come again de Dowland, Je suis déshéritée de Cadéac …) laissent place progressivement aux mélodies accompagnées qui marquent le début de la période baroque : consort-songs de l'ère élisabéthaine en Angleterre (Hear me o God de Ferrabosco II dit le jeune), ou airs de cour en France de compositeurs tels que Guédron ou Moulinié et de Chancy qui proposent encore, parfois, des versions polyphoniques de ces airs. Enfin, cette période voit aussi l'éclosion d'un répertoire spécifiquement instrumental qui s'affranchit peu à peu de la musique vocale : les deux Fantaisies de du Caurroy, variations sur le célèbre thème Une jeune fillette, en sont une bonne illustration. Moulinié excellera, quelques années plus tard, dans cette forme de la Fantaisie devenue alors proprement instrumentale et destinée le plus souvent au quatuor de violes. La mode en est venue d'Angleterre où ce genre contrapuntique, hérité de la Renaissance tardive, s'ouvrait à l'esthétique baroque.
Samedi 15 juin, 20h30 – Temple de Plaisance, 95, rue de l’Ouest – Paris 14e
Dimanche 16 juin, 16h00 – Eglise St Martin des Champs, 36 rue Albert Thomas – Paris 10e